Une brèche et un effondrement
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Lorsque le mur de Berlin est tombé, j’avais quinze ans. Je me souviens du désir que j’avais de partir par le train de nuit pour rejoindre la ville, à l’Est, petite enclave où le vent de l’Histoire semblait, une nouvelle fois, avoir soufflé. Berlin ouverte, Berlin inséparée. Les choses alors se présentaient à mon esprit de la façon suivante : il y avait le réel d’un monde obscène, sans élan, des sociétés de l’Ouest qui célébraient par le crédit l’accès à la marchandise, la réalité sans cesse déçue du marché, de la croissance. Et il y avait là-bas, à Berlin, une espèce de vibration que je découvrais alors et que je pressentais être le point de commencement d’une nouvelle histoire. Dans les années qui suivirent, je compris vite, au contraire, la part d’effondrement, de tristesse, qui accompagnait l’événement de la chute. Le mur de Berlin, en tombant, avait engendré une mélancolie singulière, celle d’une dépossession. Ce n’était plus les hommes, apprenait-on, qui écriraient l’histoire, mais un agencement de procédures, de règlements. L’Europe se flattait d’avoir accédé à l’&a
« L’utopie, il faut y croire pour qu’elle advienne »
Rutger Bregman
Nous fêtons le cinquantième anniversaire de Mai 68, dont vous citez dans votre ouvrage l’un des slogans : « Soyez réalistes, demandez l’impossible ! » Est-ce le dernier moment de notre histoire récente à avoir fait la part belle à l’utopie ?
Non, je ne pense pas. On a pu …
[Éden]
Robert Solé
Je vivais dans un monde paisible et rassurant. Un monde sans inondations ni sécheresses, sans accidents nucléaires, aériens ou ferroviaires, et sans la moindre collision sur les routes.
Des rêves à portée de main
Aude Lancelin
Alors qu’on célèbre sans conviction les cinquante ans de Mai 68, on finirait presque par oublier que ce qui fit toute la spécificité des « événements », c’était l’autorisation à rêver. L&rsq…