Le temps des utopies collectives semble révolu. C’est en tout cas le regard rétrospectif systématiquement porté sur notre époque lorsqu’on observe les rues désertes en plein mouvement social autour de la SNCF, les manifestations aux cortèges clairsemés – sauf pour dénoncer le terrorisme –, la désertion des partis, des syndicats, de toutes les structures qui ont pu incarner un idéal collectif, rêver d’une cité idéale, du moins d’une société plus juste et plus fraternelle. À l’heure du cinquantième anniversaire de Mai 68, on accompagne avec compassion, fascination et un certain sentiment d’étrangeté un monde qui s’en va, dont témoignent les photos jaunies de luttes anciennes et presque oubliées. Étrange Mai 68 ! qui, tout en représentant le moment de paroxysme des utopies du XXe siècle, a engendré une société d’individus toujours plus isolés, plus éloignés de l’idée d’action collective.

À cela s’est ajouté dans les années 1980 l’épuisement des grands récits d’explication

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