La fin des utopies collectives ?
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Le temps des utopies collectives semble révolu. C’est en tout cas le regard rétrospectif systématiquement porté sur notre époque lorsqu’on observe les rues désertes en plein mouvement social autour de la SNCF, les manifestations aux cortèges clairsemés – sauf pour dénoncer le terrorisme –, la désertion des partis, des syndicats, de toutes les structures qui ont pu incarner un idéal collectif, rêver d’une cité idéale, du moins d’une société plus juste et plus fraternelle. À l’heure du cinquantième anniversaire de Mai 68, on accompagne avec compassion, fascination et un certain sentiment d’étrangeté un monde qui s’en va, dont témoignent les photos jaunies de luttes anciennes et presque oubliées. Étrange Mai 68 ! qui, tout en représentant le moment de paroxysme des utopies du XXe siècle, a engendré une société d’individus toujours plus isolés, plus éloignés de l’idée d’action collective.
À cela s’est ajouté dans les années 1980 l’épuisement des grands récits d’explication
« L’utopie, il faut y croire pour qu’elle advienne »
Rutger Bregman
Nous fêtons le cinquantième anniversaire de Mai 68, dont vous citez dans votre ouvrage l’un des slogans : « Soyez réalistes, demandez l’impossible ! » Est-ce le dernier moment de notre histoire récente à avoir fait la part belle à l’utopie ?
Non, je ne pense pas. On a pu …
[Éden]
Robert Solé
Je vivais dans un monde paisible et rassurant. Un monde sans inondations ni sécheresses, sans accidents nucléaires, aériens ou ferroviaires, et sans la moindre collision sur les routes.
Des rêves à portée de main
Aude Lancelin
Alors qu’on célèbre sans conviction les cinquante ans de Mai 68, on finirait presque par oublier que ce qui fit toute la spécificité des « événements », c’était l’autorisation à rêver. L&rsq…