L’idée d’un monde sans frontières m’est familière. Je l’ai explorée avec un collectif de chercheurs de l’Agence nationale de la recherche de 2012 à 2015. Nous voulions savoir si le volume et la géographie des migrations changeraient si les frontières disparaissaient sur toute la surface du globe, d’un seul coup. Pour construire nos scénarios de prospective, nous avons utilisé les déterminants économiques, environnementaux, sociaux, culturels et politiques de la mobilité. Bref, nous avons d’une certaine façon « concrétisé » l’utopie ou, plus exactement, nous l’avons posé comme une hypothèse politique. Notre réponse est la suivante : l’abolition des frontières ne modifierait que marginalement le volume des flux migratoires et leur répartition. En somme, dans un monde sans frontières, les migrants seraient toujours aussi nombreux et circuleraient toujours, pour l’essentiel, dans leurs régions (Afrique, Asie, Europe). Il n’y aurait pas de grandes migrations transcontinentales comme nous en avons connu au XIXe siècle par exemple.

Ce résultat peut surprendre, mais, une fois les frontières abolies, les ressources économiques nécessaires pour s’acheter un billet d’avion, l’existence de liens familiaux à l’étranger, les crises politiques ou le handicap que constitue l’absence de formation ou de compétences pour trouver un travail à l’étrange

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