Bientôt, la terre, enfant, prodiguera pour toi
Lierre capricieux, menus dons spontanés,
Colocase mêlée à la folâtre acanthe.
La chèvre rentrera, les mamelles trop pleines ;
Le bétail n’aura plus à craindre les lions :
Et ton berceau, de fleurs charmantes s’ornera.
Le serpent périra ; les plantes vénéneuses
Périront ; et partout croîtront les aromates.
 
Tandis que t’enseignant les hauts faits de tes pères
Les livres t’instruiront de ce qu’est la valeur,
Toute blonde de blés se fera la campagne
Et la grappe aux buissons pendra des fruits vermeils ;
Du chêne le plus dur un doux miel suintera.
Quelques traces du mal pourtant subsisteront.
On devra braver l’onde encore, et se construire
Des remparts, et tracer des sillons sur la terre.
On reverra Tiphys ; une nouvelle Argo
Porteuse de héros ; on verra d’autres guerres,
Et de nouveau vers Troie, un Achille envoyé.
 
Mais sitôt que de toi l’âge aura fait un homme,
Le marin quittera la mer, et tout commerce
Sur l’onde cessera ; tout sol produira tout.
Terre et vigne oublieront et la herse et la serpe ;
Du joug, le laboureur déchargera ses bœufs.
La laine reniera le mensonge des teintes ;
Mais de pourpre éclatante ou d’une toison d’or
Le bélier dans les prés se teindra de soi-même,
Et vermeil se fera le poil des blancs agneaux.

Et si le meilleur futur c’était un retour au passé ? À un âge d’or mythique qui ressemblerait au décor des Bucoliques ? Virgile y décrit une nature réconciliée avec l’homme, entre sources fraîches, prés moelleux et bois sacrés. Comme un jardin à moitié sauvage pour l’enfant qui grandit dans la prophétie ci-dessus : le lieu de la sagesse. 

 

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