Il est rare qu’un chiffre suscite l’émotion. Celui-ci pourtant, 500, nous apporte beaucoup de joie et quelque fierté devant tant de chemin parcouru. Depuis le printemps 2014 donc, 500 numéros du 1 ont vu le jour en dix ans (sans parler des nombreux hors-séries, doubles feuilles, grands et petits formats pliés…) avec l’ambition de vous raconter une époque troublée – j’allais ajouter comme toutes les époques –, mais que l’on voudrait aussi pleine d’espérance et d’horizons désirables. Au fil des semaines, au fil des années, de réflexions sur la montée des populismes en plongées dans les crises françaises, d’attentats terroristes en épidémie mondiale ou en alertes sur la pauvreté ou les grandes migrations, rares ont été les moments de sérénité. Avec la guerre aux frontières de l’Europe, le ciel plombé du réchauffement climatique ou les inquiétudes de la modernité que symbolise l’intelligence artificielle, disons même que la coupe est pleine ! 

En bon stoïcien, Sénèque nous a appris que la vie n’est pas « d’attendre que l’orage passe, mais d’apprendre à danser sous la pluie ». Et, sans trop insister, écoutons l’écho de Søren Kierkegaard : « Le chemin n’est pas difficile, c’est le difficile qui est le chemin. » C’est entendu. Mais comment s’abstraire de cette pesanteur ? Comment, en une formule peut-être brutale, survivre à l’actualité, aux événements, à la charge de complexité et, trop souvent, de noirceur qu’ils nous infligent, soulignant d’abord notre tragique impuissance ?

La réponse, notre hebdomadaire tente de l’apporter depuis 500 semaines, en proposant une alchimie de savoirs, de points de vue, de manières de penser stimulantes, sans angélisme ni catastrophisme. Dans la nuance. Avec pour conviction première que savoir, que comprendre, calme les peurs et renforce la liberté de chacun. Et qu’on n’espère pas les yeux fermés. Si nous sommes là malgré les difficultés inhérentes de la presse écrite (à lecture lente par définition) face au monde ultrarapide des écrans, et ultrapolarisé des réseaux sociaux, si nous résistons, c’est grâce à vous. Grâce à votre fidélité à ce titre qui est aussi une manière d’être et de vivre, une façon singulière de questionner le monde en considérant que seules les bonnes questions peuvent induire de bonnes réponses. Parlant de fidélité au moment de souffler nos dix bougies, je salue enfin deux de nos fondateurs hélas disparus, Henry Hermand et Laurent Greilsamer. Pour vous et pour eux, l’aventure continue, avec en tête le vœu de Romain Gary rêvant qu’un jour le chiffre 1 devienne cent millions… 

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