Depuis dix ans, la poésie éclaire l’actualité dans le 1. Sans solution ni recette : ce n’est qu’une petite lueur, mais elle nous réveille. L’Argentin Roberto Juarroz, acrobate de la métaphysique, écrivait : « Désormais, l’homme ne se sauve ni ne se perd : / seulement parfois il chante en chemin ». 

Si ça est un
que serait deux ?
 
Ce n’est pas seulement un plus un.
Parfois c’est deux
sans cesser d’être un.
Comme parfois un
ne cesse pas non plus d’être deux.

Les comptes de la réalité ne sont pas clairs
du moins ce qui ne l’est pas,
c’est notre lecture de ses résultats.
Ainsi nous échappe
ce qu’il y a entre un et un,
comme nous échappe ce qu’il y a
simplement à l’intérieur de un,
et nous échappe
ce qu’il y a dans moins un,
ou nous échappe le zéro
qui entoure et accompagne toujours
un et deux.
 
La rose, est-elle une ?
L’amour, est-il deux ?
Le poème, n’est-il ni l’un ni l’autre ?

Extrait de Dixième poésie verticale, traduit par François-Michel Durazzo
© Éditions José Corti, 2012

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