Quelques communautés et projets utopistes
Temps de lecture : 0 minutes
acheter ce numéro
« L’utopie, il faut y croire pour qu’elle advienne »
Rutger Bregman
Nous fêtons le cinquantième anniversaire de Mai 68, dont vous citez dans votre ouvrage l’un des slogans : « Soyez réalistes, demandez l’impossible ! » Est-ce le dernier moment de notre histoire récente à avoir fait la part belle à l’utopie ?
Non, je ne pense pas. On a pu observer, au cours des trente dernières années, beaucoup d’utopies devenir réalité. Pensez au mariage homosexuel, par exemple : il n’y a encore pas si longtemps, il aurait été vu comme une horrible attaque contre la civilisation. Aujourd’hui, on le considère comme un progrès dans de nombreux pays du monde. C’est ce processus qui me fascine : comment une idée qui fut un temps jugée folle ou ridicule devient une idée de sens commun ? En réalité, notre problème aujourd’hui n’est pas tant le monde dans lequel nous vivons – à bien des égards, il ressemble au pays de Cocagne dont rêvaient nos ancêtres. Non, notre problème est que nous ne savons pas où aller à l’avenir. Nous n’avons plus d’utopies pour nous porter. Et il y a d’ailleurs beaucoup d’intellectuels qui jugent qu’une pensée utopiste est dangereuse, qu’il ne faut plus s’y engager. Car les utopies du passé ont mené à des expériences désastreuses.
Ont-ils tort de le penser ?
Je crois qu’il faut distinguer deux formes de pensée utopique.
[Découvrez le 1 gratuitement. Sans aucun engagement]
[Éden]
Robert Solé
Je vivais dans un monde paisible et rassurant. Un monde sans inondations ni sécheresses, sans accidents nucléaires, aériens ou ferroviaires, et sans la moindre collision sur les routes.