On en a fait, par des éditions abrégées, l’un des plus célèbres romans pour enfants. Mais La Case de l’oncle Tom, publié en 1852, s’adressait aux adultes. Son auteur, Harriet Beecher Stowe, une abolitionniste convaincue, voulait montrer à ses compatriotes que l’esclavage des Noirs était une infamie. Et elle a réussi au-delà de toute prévision. Aucun autre roman n’aura eu autant d’influence dans l’histoire sociale des États-Unis. Recevant Harriet Stowe à la fin de la guerre de Sécession, le président Lincoln se serait exclamé : « Voici donc la petite dame qui a déclenché une si grande guerre ! » 

La Case de l’oncle Tom est pourtant loin d’être un chef-d’œuvre littéraire. On a reproché à son auteur un sentimentalisme excessif, des maladresses, des stéréotypes… Mais qu’importe, écrira George Sand, très admirative : Stowe a remplacé le talent par du génie.

La romancière s’était inspirée, entre autres, du témoignage d’un esclave, Josiah Henson, réfugié au Canada. Après l’immense succès du roman, l’autobiographie de celui-ci devait être republiée sous un nouveau titre : L’Histoire de la vie de l’oncle Tom. La réalité s’inspirait de la fiction…

L’oncle Sam n’avait pas attendu l’oncle Tom pour débattre de l’esclavage. Mais, avec le roman de Harriet Stowe, le problème prenait chair. On passait de l’abstraction à l’émotion. Les Noirs devenaient des créatures humaines, auxquelles les lecteurs pouvaient s’identifier. C’est la magie de la littérature. Jean de La Fontaine, maître en la matière, le dit en une rime dans Le Pâtre et le Lion : « Une morale nue apporte de l’ennui / Le conte fait passer le précepte avec lui. » 

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