« Le plus grand bénéfice que nous devons à l’artiste, qu’il s’agisse du peintre, du poète ou du romancier, c’est l’extension de nos sympathies ; l’art est une chose plus proche de la vie, une façon d’amplifier et d’étendre le contact avec notre semblable au-delà des limites de notre sort personnel. »

Au mot sympathie près, auquel nous préférons maintenant empathie, cette phrase écrite en 1856 par la romancière britannique George Eliot est étonnamment actuelle ; on peut même reconnaître en elle un des postulats sacrés de la moderne religion du roman. Mais il est parfois utile de se demander quelles vies accèdent ou n’accèdent pas à ces empathies, qui a et n’a pas le loisir d’en pratiquer l’extension. Colum McCann, grand romancier irlandais installé à New York, a créé en 2012 un réseau d’« empathie travaillée » auquel il a donné le nom de Narrative 4 (Récit 4). Après une première assemblée pour faire connaissance et exposer la méthode, les gens se retrouvent par paires ; chaque personne raconte à l’autre une histoire qui a joué un rôle crucial dans sa vie. Plus tard, le grand cercle se reforme et l’un se met à la place de l’autre pour raconter son histoire au groupe en disant je

Vous avez aimé ? Partagez-le !