Par une mode venue d’Amérique qui a rencontré celle du nouveau roman, le roman contemporain a subi trop longtemps le joug d’une réalité impersonnelle. Au romancier d’approcher le style objectif d’une dépêche ou d’un article faisant terre rase de tout obstacle au réel, un adjectif, un malheureux adverbe, une horrible métaphore. Impersonnalité, transparence, effacement, tel a été le diktat. Me reviennent par l’image de quelques documentaires l’exhortation de Sartre à Beauvoir et celle plus incongrue encore de Beauvoir à l’excellente Violette Leduc de procéder à la réduction du style pour écrire « à l’américaine », c’est-à-dire en journaliste, afin de laisser le lecteur face à une réalité vécue comme indépendante de celui qui l’émet comme de celui qui la reçoit.

Outre que la réalité n’existe que par différents effets d’illusion et qu’elle ne peut être comprise ou entendue mais seulement ressentie, le roman provoque une impression de réalité que n’atteint pas toujours l’article de presse. L’écriture nue, o

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