Cet entretien a été réalisé avant la reddition des quartiers est d’Alep.

Les rebelles d’Alep s’opposent au régime de Bachar Al-Assad. Pouvez-vous nous éclairer sur les différents courants qui se rangent sous cette appellation ?

On peut distinguer trois forces. D’abord, l’Armée syrienne libre (ASL). Dans les faits, ce n’est pas une armée centralisée, elle ne dispose pas d’un commandement unique reconnu. L’ASL, c’est le peuple en armes. N’importe quel groupe armé, dans un quartier ou dans un village, peut se revendiquer d’elle sans être affilié, sans recevoir d’armes. Elle souffre de ne pas avoir de chef visible, de discours politique commun, mais elle représente la majorité des rebelles parmi lesquels on trouve des laïcs et des modérés. À l’occasion d’un combat, elle peut regrouper l’ensemble des hommes de différents villages.

Ensuite, il y a des rebelles islamistes, salafistes, qui ont un agenda syrien. Ils sont syriens, impliqués au niveau national, visibles et tiennent un discours politique. Je pense à Ahrar Al-Cham, par exemple. C’est l’un des groupes les plus puissants. Ils sont pragmatiques et ont déjà participé à des négociations au niveau international. Ils étaient soutenus par la Turquie et ils le sont toujours par le Qatar.

Enfin, il y a des groupes djihadistes comme Jabhat Al-Nosra, qui était affilié à Al-Qaïda jusqu’à cet été. Aujourd’hui, ils ont pris le nom de Jabhat Fatah Al-Cham et sont dans une logique de djihad international. Mais contrairement à l’État islamique contre lequel ils ont lutté, ils prennent en compte la réalité locale. Ils n’appliquent pas systématiquement la charia, ils n’attaquent pas les autres rebelles. Ils luttent contre le régime syrien et sont particulièrement efficace

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