Un pavé irrégulier, marron à l’extérieur, vert à l’intérieur, un parfum végétal. Voilà le savon d’Alep traditionnel. Comme le thé de Chine ou le papyrus d’Égypte, il évoque toute une civilisation. « Le plus vieux savon du monde » a été inventé à Alep il y a 3 500 ans, à partir d’un mélange d’huile d’olive et de baies de laurier, deux ingrédients aux vertus médicinales bien connues dans tout le bassin méditerranéen. Sa fabrication, très complexe, requiert neuf mois de séchage. Transmise de génération en génération, elle est restée inchangée jusqu’à nos jours. 

Plus qu’un bel ouvrage d’artisan, le savon d’Alep est un véritable symbole. Dès le premier millénaire avant Jésus-Christ, il est de toutes les caravanes, qui le vendent dans les régions avoisinantes, de l’Égypte à la Mésopotamie. La légende veut qu’il ait été utilisé par Cléopâtre (69-30 av. J.-C.) et la reine de Palmyre Zénobie (v. 240-275). Au xiie siècle, les croisés l’introduisent en Europe. Il aurait inspiré la formule du savon de Marseille et suscité bien des copies. Au XIXe, il séduit les Orientalistes en quête d’exotisme. Depuis, le savon d’Alep est distribué dans le monde entier. 

En raison de la guerre civile, sa fabrication a été ralentie et parfois stoppée. L’approvisionnement en huile d’olive et en baies de laurier est devenu trop chaotique… Sans compter la dispersion des familles, l’exil. L’achat d’un savon d’Alep est désormais, dans les pays développés, un acte de solidarité, la tentative de préserver un petit morceau d’histoire. 

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