« Ils ne pensent qu’à leur retraite, c’est-à-dire à cette pension qu’ils toucheront de l’État non plus pour faire, mais pour avoir fait. Leur idéal, s’il est permis de parler ainsi, est un idéal d’État, un idéal d’hôpital d’État, une immense maison finale et mortuaire, sans soucis, sans pensée, sans race. Un immense asile de vieillards. Une maison de retraite. Toute leur vie n’est pour eux qu’un acheminement à cette retraite, une préparation de cette retraite, une justification devant cette retraite. Comme le chrétien se prépare à la mort, le moderne se prépare à cette retraite. Mais c’est pour en jouir, comme ils disent. […] Penser à la retraite, c’est la limite et le maximum de penser à demain. Tout sacrifier à la retraite, c’est la limite et le maximum de sacrifier aujourd’hui à demain. »

Extrait de Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, 1914

 

Vous avez aimé ? Partagez-le !