« Se concentrer sur l’âge, et non sur l’emploi, est un désastre »
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Comment s’est construit le système de retraite français ?
Il a connu plusieurs étapes : les retraites ouvrières et paysannes de 1910, sans obligation d’assurance ; l’assurance vieillesse de 1930, réservée aux ouvriers, avec un plafond de ressources, et sous forme de capitalisation ; les assurances vieillesse des cadres, plus avantageuses, fournies par leurs entreprises… Quant aux fonctionnaires, ils sont les premiers à avoir bénéficié de pensions de retraite versées par l’État. C’est sous Pétain qu’est créée l’allocation aux vieux travailleurs salariés, l’AVTS, avec la loi du 14 mars 1941 qui instaure le régime de la retraite par répartition et le minimum vieillesse.
Dans les années d’après-guerre, l’assurance vieillesse est intégrée à la Sécurité sociale, sous l’impulsion de Pierre Laroque, et l’âge normal de la retraite est fixé à 65 ans – 60 ans, même, pour les travailleurs manuels. Le principe de base de la retraite par répartition est qu’aucune génération ne peut se sauver seule. Les bien-portants payent pour les malades, les actifs cotisent pour les personnes âgées. Les vieux sont alors les plus pauvres de la nation, tout près de la misère. Se créeront d’ailleurs une série d’assistances en parallèle de l’assurance vieillesse, comme les bons de charbon, les bons de sucre, qui vont durer jusqu’à la fin des années 1950. On assiste alors à une progression du niveau de vie des vieux, qui commencent à sortir de la pauvreté, au point de rattraper le niveau de vie des actifs dans les années 1990.
Quand la retraite est-elle devenue un enjeu de débat et d’opposition politique ?
Elle l’était dès sa création. L’assurance vieillesse et la Sécurité sociale étaient réservées aux salariés du privé. Les cadres ne l’ont rejoint qu’en 1947, après avoir obtenu un régime dédié plus favorable. Les artisans et les commerçants n’en voulaient pas, pour éviter de payer trop de cotisations. Les agriculteurs non plus. Jusqu’à la fin des années 1970, le débat porte donc sur l’unification du système, qui se traduit en réalité par l’instauration progressive d’un système à deux étages, avec l’assistance de base de 1945, et les retraites complémentaires.
Quid du passage à 60 ans ?
Je l’ai suivi de près comme membre du cabinet de Nicole Questiaux, ministre de la Solidarité
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