Derrière sa webcam, Sara est blottie dans un sweat-shirt blanc trop grand pour elle. Sous sa capuche, des mèches roses émergent de sa tignasse brune. Elle demande d’avance qu’on l’excuse, elle est malade et fatiguée. Restes d’une soirée « Queer » berlinoise par temps glacial. La jeune femme s’est rendu compte que la longueur des jours était plus supportable quand elle passait la nuit à danser. Sara déroule son histoire dans un anglais fluide et international. Elle parle d’une traite, à toute vitesse. « J’ai le souffle long », dit-elle. On sent la colère habiter tout son corps, animer ses yeux. Une rage décuplée par des mois de torpeur.

Depuis trois ans, la jeune femme attend. Sa vie s’est arrêtée sur un coup de frein, le 21 août 2018. Ce jour-là, elle roule à bord d’un 4 × 4 sur l’île de Lesbos quand elle est approchée par des policiers qui l’embarquent. Sara est soupçonnée, entre autres, d’appartenance à une organisation criminelle, de trafic d’êtres humains et d’espionnage. Bénévole pour Erci, une 

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