Lundi dernier, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, est rentré satisfait de sa visite à la frontière biélorusse. Il n’y a pas vu de migrants. Il a rencontré ses gardes-frontières et ses soldats mobilisés contre la « guerre hybride » lancée par son voisin Alexandre Loukachenko. Il s’est assuré que les soldats – « nos héros », a-t-il précisé – ne sont plus hébergés sous des tentes mais dans des bâtiments bien chauffés. Et lors de sa conférence de presse à Varsovie, il a affirmé que la situation à la frontière « s’améliorait ». Le flux migratoire est presque tari. Chaque jour, seules quelques personnes réussiraient à traverser ; elles sont généralement refoulées. Les sanctions européennes contre le régime biélorusse auraient tempéré le comportement de Loukachenko, qui a promis de rapatrier les migrants encore présents chez lui. Content, Morawiecki a vanté l’action de son gouvernement et annoncé la construction prochaine de nouvelles infrastructures : « un barrage, outil de défense efficace au vu de l’expérience d’autres pays ».

On croit rêver. Au même moment la presse indépendante polonaise publie de multiples témoignages et reportages qui contredisent ces affirmations. La crise n’est pas résolue. Il y a toujours des hommes, des femmes et des enfants qui errent des deux côtés de la frontière biélorusse dans des conditions insupportables, certains ont été ramenés en Biélorussie par les gardes-frontières polonais, d’autres ont été abandonnés dans la forêt sans rien, sinon une température de moins 12 degrés. Ce sont, pour ce que l’on en sait par les associations de bénévoles, des Irakiens – beaucoup de Kurdes –, des Afghans, des Syriens, des Somaliens et des Yéménites, tous des ressortissants de pays qui ne

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