En quoi les GAFA menacent-ils nos démocraties ?

Principalement à travers les réseaux sociaux qui modifient de façon majeure et globale l’écosystème informationnel, la façon dont les gens s’informent, donc la façon dont se fabrique une partie de l’opinion publique planétaire.

Comment agissent-ils concrètement ?

Deux phénomènes sont induits par cet écosystème particulier. D’abord, une mondialisation des discours de haine, d’exclusion et de désinformation. Cette mondialisation du marché est d’une grande puissance innovante car on voit remonter par une sélection naturelle, darwinienne même, des argumentaires et des infox qui peuvent faire leurs preuves aux États-Unis et gagner l’Europe. Ou à l’inverse, une vidéo montrant supposément un migrant en Allemagne être utilisée par l’alt-right américaine pour asseoir son discours d’exclusion antimigrants. Si les extrêmes marginaux dans chaque pays rentrent en synergie, ils finissent par ne plus être si marginaux que ça. Et son interaction accentue sa toxicité.

Cette globalisation des discours ultranationalistes, voire identitaires, est-elle le seul phénomène que vous observez ?

Non, on assiste aussi à une sorte de balkanisation des audiences. Cela semble contradictoire, mais les deux vont de pair. Les audiences se segmentent en communautés marginales, partisanes et militantes qui s’enferment et s’autoradicalisent. Avec un effet de meute, un effet tribal de soutien mutuel, une synergie qui renforce leurs partisans dans leur opinion, une accentuation de l’opposition « nous contre eux ». Ces communautés ne sont pas seulement idéologiques : de l’information circule aussi en leur sein, quoique filtrée par cette membrane idéologique. Ceux qui sont à l’intérieur se trouvent exposés à certains types de contenus uniquement ;

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