Composé de plaques tectoniques qui se déplacent comme autant de tapis roulants (à la même vitesse que poussent nos ongles), le plancher marin alterne de vastes plaines, des monts sous-marins et des zones volcaniques. « Au large de Mayotte, on a assisté à la naissance d’un volcan. La plus grande éruption sous-marine jamais documentée », s’émerveille le géochimiste de l’Ifremer Olivier Rouxel.

C’est sur les plaines abyssales très profondes que reposent, tous les 10 ou 20 centimètres, les fameux nodules polymétalliques. La vie est rare dans ces immensités, car l’énergie provient de la photosynthèse, à la lointaine surface. Les zones volcaniques, en revanche, bouillonnent d’activité. « Quand on plonge, on a un aperçu des portes de l’enfer, raconte Marie-Anne Cambon. Les volcans crachent des volutes de fumée et des gaz toxiques comme l’hydrogène sulfuré – celui qui s’échappe des algues vertes. Ces volcans devraient être des tueurs en série, pourtant de la vie grouille autour, parfaitement adaptée. » Et pour cause : ce sont les substances chimiques – sulfures, fer, méthane… – qui fournissent aux micro-organismes l’énergie dont ils ont besoin pour produire des éléments nutritifs. Un processus nommé chimiosynthèse.

Chaque cheminée hydrothermale est unique, façonnée par les entrailles de la Terre. « L’eau de mer pénètre dans le plancher océanique, se rapproche de la chambre magmatique et se charge en éléments chimiques, expose le chimiste de l’Ifremer Pierre-Marie Sarradin. Selon le temps qu’elle met à remonter et les fissures qu’elle traverse, la composition des fluides varie. » Et avec elle, la faune qui peuple ces geysers du fond des mers, étonnamment hospitaliers.

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