À l’école, mon parcours a été un peu difficile : je suis lente à cause de ma trisomie 21. Mes parents se sont battus pour que j’aille à l’école en milieu ordinaire. Cela a été un long combat. On traitait mes parents de gens irresponsables ! Mais je suis très contente, car, à la fin, ils ont gagné ! J’ai pu aller à l’école. J’ai beaucoup travaillé, j’ai pris conscience de beaucoup de choses et j’ai acquis des connaissances.

C’est grâce à cela que j’ai pu témoigner dans mon livre Triso et alors ! Je l’ai fait pour raconter ma vie, comment je suis. Et pour que tous les gens voient comment on peut vivre avec la trisomie 21. Vous savez, les personnes dans la rue ou dans le bus qui me regardent, c’est à eux que je m’adresse. Oui, j’ai la trisomie 21. Et alors ? Moi, j’ai un chromosome en plus, et je peux en faire quelque chose ! Car ce chromosome, c’est celui du bonheur. C’est avec celui-là que je donne toujours beaucoup d’affection et beaucoup d’amour à tous ceux qui m’entourent. Dans nos familles, nous les trisomiques, nous sommes comme des potions magiques : nous sommes des potions d’amour.

Après mon livre, j’ai fait des propositions pour ma ville, Arras, à la demande du maire. Alors il m’a proposé de faire partie de sa liste électorale pour les municipales. J’ai longtemps réfléchi. Et puis, j’ai accepté. Il y a eu la campagne, le vote, et les résultats sont tombés. J’étais vraiment très contente, car, là encore, on a gagné ! J’ai gagné avec la liste. Et j’ai partagé ma joie avec mes parents.

Aujourd’hui, à la mairie, j’ai deux délégations : la transition inclusive et le bonheur. Pour le bonheur, c’est simple : on doit rester nous-mêmes. Chacun doit donner de la joie de vivre, oser les couleurs flashy, la gaieté. Pour ma seconde délégation, c’est clair aussi : « transition inclusive », cela veut dire que la société doit changer, passer d’un état à un autre – c’est l’idée de transition. Il faut que les personnes atteintes de handicap soient reconnues, respectées et acceptées dans la société, à tous les âges et partout : à l’école, dans la vie professionnelle et dans l’habitat.

Depuis que je suis élue municipale, les regards ont changé. Dans la rue, dans le bus, au boulot. Je suis un exemple. Je donne beaucoup d’espoir. Moi comme tous les trisomiques, nous donnons beaucoup d’amour et d’affection : il faut nous inclure ! Et qu’ensemble, avec nous comme une potion magique, nous formions une société de bonheur. 

Témoignage recueilli par ADELINE PERCEPT

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