DRÔLE de mot ! « Handicap » a été fabriqué au xvie siècle dans les tavernes anglaises. Une sorte de troc y faisait fureur : deux joueurs échangeaient des objets et, pour que les parts aient la même valeur, un arbitre fixait la compensation qui devait être déposée dans un couvre-chef : hand in cap (la main dans le chapeau).

Le terme a été anobli par le sport. Dans les hippodromes notamment, les « courses à handicap » assurent à tous les chevaux des chances égales de l’emporter. Pour cela, des juges appelés « handicapeurs » infligent aux plus vaillants une surcharge de poids ou une plus longue distance à parcourir.

C’est en 1957 que le substantif « handicapé » a fait son apparition dans les textes de loi en France pour désigner des personnes atteintes de déficiences physiques, sensorielles ou mentales. Il remplaçait une série de vilains mots (infirme, impotent, paralytique, incapable, inadapté, aliéné, débile…) qui non seulement stigmatisaient les intéressés, mais ne rendaient nullement compte de la réalité.

Né d’une bonne intention – assurer l’égalité des chances –, « handicapé » n’a pas tardé à être mis en cause. « Nous ne sommes ni des substantifs ni des adjectifs qualificatifs ! » protestaient certains, soulignant que le handicap n’est pas leur identité.

Il a fallu se creuser les méninges pour chercher un terme acceptable, ne réduisant pas des hommes, des femmes ou des enfants à une déficience qui ne se mesure qu’en fonction de l’environnement. On en est arrivé à parler de « personnes en situation de handicap ». Une périphrase, faute de mieux, en attendant que messieurs les Anglais, qui tirent souvent les premiers, nous inventent un nouveau mot-valise, associant égalité et fraternité. 

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