« Tout est un combat »
Temps de lecture : 3 minutes
À 18 ans, j’ai eu un accident de ski et je me suis retrouvé en fauteuil roulant. Comme 85 % des personnes handicapées, j’ai découvert du jour au lendemain ce qu’est le handicap. C’était au début des années 2000 et, à l’époque, personne ne parlait du sport pour les personnes handicapées. Rien ne me permettait de me dire spontanément : « Je suis en fauteuil, mais je vais faire du sport de compétition. » Les jeux paralympiques existaient depuis 1988, pourtant aucun média n’en parlait. Le handicap existait une seule fois par an dans les téléviseurs : au moment du Téléthon. Moi, j’ai eu de la chance. J’ai fait une succession de belles rencontres, notamment un directeur sportif qui m’a proposé de venir dans son club à Montreuil, tout près de chez mes parents. J’ai pu m’y rendre facilement, travailler et devenir un sportif de haut niveau. J’ai été chanceux et privilégié.
Heureusement, certaines choses ont bien évolué : aujourd’hui, les jeux paralympiques sont connus. Il y a un maillage important de clubs sur tout le territoire où l’on peut pratiquer le sport en étant handicapé.
Mais si vous souhaitez être autonome, comment faites-vous pour aller à votre club de sport en fauteuil roulant ? Ou même à votre travail ? À Paris, si vous êtes en fauteuil, vous pouvez tout de suite oublier le métro. Le bus est une option, mais pas à toute heure et pas partout. Votre dernier recours, si vous voulez être indépendant, est le taxi… Non seulement c’est la plus chère des solutions, mais en plus, vous êtes souvent maltraité. Je ne compte plus les fois où les chauffeurs m’ont refusé en voyant que j’étais en fauteuil, ni ces moments où ils n’ont même pas daigné ouvrir leur fenêtre.
Tout est un combat : l’accès au sport, à la culture, aux loisirs, à la sexualité ! Le logement aussi est un dossier primordial. Imaginez-vous : vous vivez en haut d’une tour en banlieue de Paris, au huitième étage. Vous êtes en fauteuil roulant. Ce matin, vous mettez votre costume, impeccable, pour aller travailler. Mais ce fichu ascenseur est encore en panne. Vous allez être en retard… Soit ! Vous descendez de vos huit étages sur les fesses, et balancez votre fauteuil dans l’escalier. Voilà ce qui est arrivé récemment à un de mes amis, et des anecdotes comme celles-ci, il y en a des dizaines par jour en France. Nous sommes dans une société moderne où ces questions ne devraient même plus se poser !
Notre société ne sait pas vivre avec ses différences. On parle d’unité, de vivre-ensemble... La vérité, c’est qu’on ne sait pas faire. Tout part de l’école, et, pour l’instant, quelque chose cloche sérieusement. J’espère que les enfants de la prochaine génération seront éduqués côte à côte, avec des valeurs communes, pour que nous ayons tous notre place. Et que notre place ne fasse plus l’objet d’un débat.
Témoignage recueilli par ADELINE PERCEPT
« Quand les enjeux du handicap avancent, c’est toute la société qui progresse »
Sophie Cluzel
« Je voulais faire sortir le handicap du ministère de la Santé. Les personnes handicapées ne doivent plus être considérées comme des objets de soins, mais avant tout comme des sujets de droit » Issue de la société civile et mère d’une jeune femme atteinte de trisomie 21, la ministre en charge des…
« Tout est un combat »
Michaël Jeremiasz
À 18 ans, j’ai eu un accident de ski et je me suis retrouvé en fauteuil roulant. Comme 85 % des personnes handicapées, j’ai découvert du jour au lendemain ce qu’est le handi…
[Périphrase]
Robert Solé
DRÔLE de mot ! « Handicap » a été fabriqué au xvie siècle dans les tavernes anglaises. Une sorte de troc y faisait fureur : deux joueurs échangeaient des objets et, pour que les parts …