Le temps s’est accéléré d’un coup et c’est tout mon futur qui bascule
Les envies, les projets, les souvenirs, dans ma tête y’a trop de pensées qui se bousculent
Le choc n’a duré qu’une seconde mais ses ondes ne laissent personne indifférent
Votre fils ne marchera plus, voilà ce qu’ils ont dit à mes parents
Alors j’ai découvert de l’intérieur un monde parallèle
Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion
Un monde où être autonome devient un objectif irréel
Un monde qui existait sans que j’y fasse vraiment attention
Ce monde-là vit à son propre rythme et n’a pas les mêmes préoccupations
Les soucis ont une autre échelle et un moment banal peut être une très bonne occupation
Ce monde-là respire le même air mais pas tout le temps avec la même facilité
Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés
On met du temps à accepter ce mot, c’est lui qui finit par s’imposer
La langue française a choisi ce terme, moi j’ai rien d’autre à proposer
Rappelle-toi juste que c’est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin
Et tout le monde crie bien fort qu’un handicapé est d’abord un être humain
Alors pourquoi tant d’embarras face à un mec en fauteuil roulant
Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement
C’est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas
Certains savent comme moi qu’y a des regards qu’on n’oublie pas
(...)
Parfois la vie nous teste et met à l’épreuve notre capacité d’adaptation
Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c’est un 6e qui les délivre
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction
Ce 6e sens qui apparaît, c’est simplement l’envie de vivre. 

 Extrait de « 6e sens », Midi 20 © Anouche productions/AZ/Universal

La poésie, c’est d’abord une voix. Fabien Marsaud trouve la sienne au contact du public, dans le slam, sous le pseudonyme de Grand Corps Malade. En 2006, il raconte son handicap dans « 6e sens », accompagné par un piano, et son art change notre regard. 

 

 

 

 

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