Lignes de fracture
Ce texte présente le résultat d’une étude d’opinion réalisée pour le Cercle des économistes à l’occasion des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence 2017*.Temps de lecture : 3 minutes
Aujourd’hui, la France n’est pas prospère, et elle l’est moins qu’hier. C’est l’opinion que partagent sept Français sur dix. C’est le diagnostic pessimiste que les Français dressent de leur pays. Et l’expression du sentiment d’un déclassement national qui n’en finit pas.
Une fois n’est pas coutume, les lignes de fracture qui partagent la France et que l’on connaît désormais trop bien s’atténuent dès lors qu’il s’agit de parler de prospérité nationale. Si patrimoine et diplôme protègent l’individu, ils n’amortissent plus le sentiment de chute collective.
C’est sur le front de l’emploi que l’opinion juge perdue la bataille de la prospérité, et qu’elle craint de futures défaites. La représentation de la prospérité française a été mise à mal par la hausse de la courbe du chômage et le creusement des inégalités de revenus. Sept Français sur dix considèrent que l’emploi et la répartition des revenus sont des conditions nécessaires de la prospérité. Près de six sur dix, que la France échoue aujourd’hui sur ces deux terrains, et que demain la transformation des modes de production par la numérisation, la robotisation et l’intelligence artificielle détruira plus d’emplois qu’elle n’en créera.
Une lecture optimiste de ces résultats incite pourtant à souligner le consensus sur ce qui fait prospérité en France. Il traduit des attentes et des espoirs convergents. Une majorité partage une définition qui intègre donc l’emploi et la répartition des revenus, mais également la qualité de l’éducation, l’espérance de vie en bonne santé, l’épanouissement et la sécurité des habitants.
Et sans doute faut-il ajouter un critère : le sentiment de bien vivre est corrélé à la capacité des Français de gérer correctement leur budget. 90 % de nos concitoyens qui bouclent facilement leurs fins de mois affirment bien vivre, 65 % de ceux qui joignent difficilement les deux bouts disent mal vivre. Pourtant, ces deux France partagent le même pessimisme pour leurs enfants : ils pensent que, lorsqu’ils auront leur âge, ceux-ci vivront moins bien qu’eux, et dans une France moins prospère. Et si la prospérité d’un pays se mesurait également à l’aptitude de tous ses habitants à envisager sereinement l’avenir de leurs enfants ?
* Échantillon national de 1 000 individus, représentatif des résidents métropolitains âgés de 18 ans et plus. Interrogation en ligne, les 14 et 15 juin 2017.
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