En arabe, pain se dit khobz. Mais dans le dialecte égyptien c’est aïch, qui signifie vie. En effet, nul ne conçoit l’existence, sur les bords du Nil, sans son pain quotidien. L’Égypte, dont la population a doublé en trente ans, est l’un des plus gros importateurs de blé au monde. Chacun de ses 100 millions d’habitants consomme environ 145 kilos de aïch par an.

Sadate a vu sa présidence vaciller en janvier 1977 lors de la fameuse « intifada du pain », provoquée par une hausse des prix alimentaires. Et c’est aux cris de « Pain, liberté, justice sociale » que les manifestants réclamaient, en janvier 2011, le départ de son successeur, Moubarak. Tout ce qui concerne cet aliment indispensable est surveillé par le pouvoir comme le lait sur le feu. Les galettes de pain, fortement subventionnées, se vendent, si l’on peut dire, pour une bouchée de pain.

En Égypte, dès l’époque prédynastique, il y a quelque 6 000 ans, des grains de blé ou d’orge, écrasés ou moulus, étaient mélangés à l’eau du Nil, permettant la fermentation. Avec la bière, fabriquée un peu de la même façon au temps de Ramsès II, le pain était déjà la base de l’alimentation. Plusieurs dizaines de variétés existaient, dont des galettes sucrées contenant du levain et des figues, comme en témoignent les restes alimentaires trouvés dans des tombes : il fallait que le défunt se sustente lors du long périple qui pouvait le conduire à l’éternité. Et, comme les vivres finiraient par manquer, on les représentait sur les parois : écriture magique, les hiéroglyphes transformaient les signes en réalité. Ainsi, les Égyptiens avaient inventé, non seulement la panification, mais la multiplication des pains. 

 

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