« On pollue notre intestin comme on pollue la planète »
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Votre discipline a considérablement évolué depuis une ou deux décennies. Découvre-t-on vraiment un continent nouveau ?
Oui, parce que la recherche sur les microbes (le microbiote intestinal) a été très longtemps limitée par nos instruments d’analyse. La biologie moléculaire nous a permis de faire un saut. Les générations précédentes savaient que les microbes jouaient un rôle important. Mais on étudiait seulement ceux que l’on était capable de cultiver. Or, on ne sait cultiver que 20 % d’entre eux. On a donc découvert l’immense diversité de ce microbiote. Le boom de cette révolution a eu lieu dans les années 1980-1990. Nous avons brusquement été capables de caractériser les différents microbes. Nous avons pris conscience de leur importance, de leur rôle essentiel dans nos organismes.
Qu’avons-nous appris de ce rôle ?
Nous vivons en symbiose avec ces bactéries. Entre elles et nous, il y a du mutualisme : elles ne peuvent survivre que dans notre tube digestif et elles remplissent un rôle dans le développement de notre système immunitaire, notre système de défense. C’est parce que nous avons 100 000 milliards de bactéries dans notre microbiote que nous pouvons lutter contre des agents extérieurs agressifs. Les microbes apportent la diversité du monde et c’est cela qui développe le système immunitaire.
Comment se forme ce microbiote en nous ?
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