À l’heure où ces lignes sont écrites, qui peut savoir ce qu’il adviendra lors de leur parution ? Où en seront ces grèves spectaculaires, celles qui bloquent centrales nucléaires et ports, et qui sont de nature à frapper les esprits ? Où en seront les violences entre forces de l’ordre et militants chauffés à blanc par des syndicats qui frappent d’autant plus fort qu’ils sont en situation de faiblesse ? Et où en sera l’état de l’opinion qui observe avec plus ou moins d’angoisse ce que de Gaulle appelait « la chienlit ». Une opinion que l’on a mal préparée à comprendre les formidables mutations qui secouent le monde – le numérique, la robotisation, les nouvelles technologies, les start-up innovantes –, que l’on a mal préparée à subir les conséquences d’une mondialisation implacable – rares sont aujourd’hui les produits industriels qui n’ont été fabriqués que dans un seul pays.

Alors, dans ce désarroi généralisé, puisse-t-on vite en revenir aux réalités. 

Tous nos maux relèvent d’un chômage de masse insupportable et de l’inquiétude qu’il génère chez les jeunes. Il est temps de rappeler les grands principes de nature à inverser l’actuelle tendance mortifère.

En ce qui concerne la législation du travail, le système actuel tend à protéger ceux qui ont un emploi au détriment de ceux qui en recherchent un. Il faut absolument inverser cette tendance. Plutôt que légiférer sur tout, il conviendrait de donner la priorité aux accords d’entreprise.

Pour la fiscalité, au lieu de frapper uniformément capital et revenu, il faudrait s’attaquer d’abord à la rente et alléger le coût de l’investissement productif, seul capable de relancer compétitivité et croissance.

Pour les dépenses publiques, nous devrions réduire toutes celles qui sont improductives en faveur des plus nécessaires – éducation, formation, culture… –, et surtout nous efforcer de réduire l’invraisemblable monceau de normes aussi paralysantes qu’onéreuses.

Mais il faut aussi aller plus loin que ces mesures d’urgence, et redonner de l’espoir en réinsufflant du sens. L’État providence des Trente Glorieuses est derrière nous. Nous devons inventer le système social du xxie siècle – un système social propre à notre culture, plus européen qu’anglo-saxon dans son esprit, où la protection des plus défavorisés restera la règle absolue, avec l’assurance d’un minimum de décence sociale. Car il ne saurait y avoir d’espoir possible dans un État où subsiste la grande pauvreté. 

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