Notre époque qui a fait de l’oubli une vertu, de la mémoire une pathologie et de l’histoire une vieille lune, ne sait plus pourquoi un jour une goutte fait déborder le vase. Mais, tout bonnement, parce qu’il y a eu un nombre incalculable de gouttes qui ont rempli le vase pendant des années et qu’il suffit un beau jour d’une seule pour que tout le vase déborde. Il semble que le vase soit en passe de déborder. Pourquoi ?

Parce que la gauche a cessé d’être de gauche en passant le peuple par-dessus bord ; parce que la droite a emboîté le pas à cette gauche de droite pour faire semblant de s’y opposer mais, en fait, pour partager le gâteau avec elle. Dans le sabir de la politologie, le partage du gâteau entre coquins a pour nom la cohabitation ou l’alternance. Passe-moi la rhubarbe de gauche, je t’envoie le séné de droite. Le lendemain la rhubarbe est de droite et le séné de gauche. Les récentes élections régionales ont mis en pleine lumière la recette de cette cuisine avariée.

En fait, ces faux ennemis, vrais amis, communient dans une même religion : oubli, puis mépris, puis haine du peuple que des années de traitement médiatique débilitant ont transformé en populace – la populace, c’est le peuple qu’on a dressé à ne plus penser et à aboyer les slogans du catéchisme libéral ; aristocratie des bureaucrates, des experts, des technocrates, des énarques, des diplômés de Sciences Po, des conseillers en communication qui pensent à la place du peuple sous prétexte que celui-ci penserait mal alors qu’on l’a dressé comme un chien à japper ou à remuer la queue aux slogans adéquats.

Depuis Mai 68, le pouvoir est tenu alternativement par la droite libérale et par la gauche libérale. Le changement n’est pas entre cette gauche-là et cette droite-là puisque toutes deux so

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