Il me posa à nouveau la question, comme si je n’avais pas compris – j’avais très bien compris – et son regard, derrière les lunettes, disparut dans la buée : « Quand vous vous évanouissez, vous allez où ? »

 

Pour lui répondre par un silence, je ne disposais que de la moitié de mon visage. Soulignés par la ligne bleue du masque, ses yeux réapparurent derrière les verres embués. Il ne m’avait posé aucune des questions d’usage, comme celle de mon âge, ni demandé de détails, semblant se contenter de ceci : « Je suis là, et puis je n’y suis plus. »

 

 

 

Le trajet m’avait épuisée. Aux stations closes, le métro avait défilé au ralenti dans la pénombre de quais abandonnés, où se déployaient de longues bandes de rubalise et les affiches figées des spectacles qui devaient se jouer trois mois plus tôt. Le wagon était clairsemé, je suffoquais sous le masque, jusqu’à ce que le train sorte de terre, vers le ciel un peu pâle.

 

Quand j’eus repris mon souffle, la terrasse d’un café me fit presque envie. On y voyait briller

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