Fin avril, Brigitte Fontaine avait écrit une lettre ouverte, lue par Augustin Trapenard sur France Inter. Elle s’y adressait « à tous les confinés, fruits confits ». Quand on lui demande ce qu’il advient des fruits confits à l’ouverture du bocal, elle répond que pour la période de déconfinement, enfin de déconfiture, se reprend-elle immédiatement, il nous faut retourner à l’œuvre de la comtesse de Ségur et relire l’épisode où Sophie mange toutes les pâtes de fruits auxquelles elle n’avait pas le droit de toucher. « Un petit peu, encore un petit peu… et puis elle est morte ! Non, ce n’est pas vrai ! » rit Brigitte Fontaine à l’autre bout du fil. Est-ce que la métaphore s’applique à notre monde qui se jette, gourmand, sur toutes les choses qui lui sont à nouveau permises ? Elle s’exclame : « Oh ! pas moi, je n’arrive plus à manger. » Ce confinement, au fond, déclare-t-elle, ça n’a pas changé grand-chose, « sauf que je n’ai pas joué, et que je n’ai pas pu aller avec les potes prendre un petit café au bistrot ». Elle évoque les fringues partout dans l’appartement, les livres, les paquets de clopes, les pots de café, puis ses prochains horizons scéniques, sa participation au Festival de cinéma d’Angoulême. La voix se fait vive au téléphone : « Ils vont projeter Mords-les, un film de Delépine et Kervern très beau où moi je suis très moche », ironise la chanteuse. Elle parle ensuite de l’Olympia le 6 septembre, et de son inquiétude d’une possible deuxième vague « de confiture ».

En ce moment elle ne lit pas, elle écrit. Le ton se fait plus provocateur : « J’écris des conneries et je ne sais pas si je publierai ce truc. » Elle prévient : il faut avoir lu attentivement et avec passion Lewis Carroll. « C’est l’histoire de la Simili-Tortue et de l’Ange exterminateur. Moi, je suis la Tortue fantaisie et l’Ange exterminateur, évidemment, c’est le coronavirus – qu’on appelle le "Covid", pour faire chic sans doute ! »

Est-elle optimiste pour la suite ? Elle s’étonne : « Pourquoi serais-je optimiste, ou pessimiste d’ailleurs ? Il est tout à fait déraisonnable de penser que quand on est mort ça s’arrête là, c’est absolument impossible à mon avis. Il y a un avant, un après, un toujours. » 

 

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