La scène de Saint-Jean-d’Acre sera vide cette année. Au pied de la tour de la Lanterne, aucun refrain ne sera entonné devant une foule compacte. La crise sanitaire est passée par là, et la 36e édition des Francofolies de La Rochelle a dû trouver de nouvelles voies, à l’image d’un paysage musical profondément bouleversé. Car, si le reste du pays a engagé peu à peu la reprise de son activité, la musique reste, elle, encore majoritairement confinée : concerts annulés, festivals remaniés, et un avenir en pointillé pour les dizaines de milliers de personnes qui font vivre l’industrie musicale en France.
La crise, pourtant, est loin d’avoir cassé la voix des chanteurs. Au cours des derniers mois, ils se sont largement mobilisés, davantage peut-être que tout autre champ artistique : concerts en direct, chansons de soutien aux soignants, reprises collectives, comme autant de mélodies pour égayer et adoucir ces longues semaines d’angoisse et de réclusion. Depuis, ils piaffent d’impatience à l’idée de remonter sur scène. Pour retrouver leur public, bien sûr. Mais aussi pour porter les aspirations nouvelles à ce monde d’après, que la crise a rendu plus urgent encore. Ce numéro du 1 leur donne la voix, pour imaginer avec eux les chemins du rêve et du renouveau.