Voilà près de quatre mois que les musiciens ont quitté la scène. Quatre mois qu’ils attendent un bal à la fin duquel ils pourront être payés. Alors que le reste du pays a donné le signal de la reprise, l’industrie musicale voit, elle, la crise s’aggraver jour après jour. Dans l’attente d’actes forts de la part des pouvoirs publics, des initiatives s’organisent pour venir en aide aux artistes. La Sacem, l’organisme chargé en France de collecter et de répartir les droits d’auteur à ses quelque 176 000 membres, a ainsi réagi en mettant en place une rémunération exceptionnelle des livestreams, ces concerts courts mis gracieusement à disposition sur Internet par les artistes et dont le nombre et l’audience ont explosé depuis le confinement. Soit une somme forfaitaire de 10 à 76 euros minimum selon la durée du livestream et un complément équivalent à un euro pour un millier de vues cumulées sur Instagram, Facebook et YouTube. Cette tarification, amenée à évoluer à l’avenir pour devenir pérenne, entend ainsi s’adapter à un usage nouveau, jusqu’alors employé pour la promotion seule, mais qui pourrait servir à entretenir un lien plus constant entre les artistes et leur public.
Mais c’est surtout avec la campagne #ScèneFrançaise que la Sacem entend défendre la musique made in France : une campagne de soutien pour diffuser le plus largement possible des œuvres issues de la production nationale auprès des différents canaux de diffusion – radio, télé, plateformes de streaming –, et ce afin de permettre aux artistes de toucher un supplément de droits d’auteur. En effet, à la perte des cachets de concerts et de festivals cet été, devrait s’ajouter un effondrement des droits d’auteur en 2021, faute de diffusion dans les clubs, discothèques ou magasins. C’est tout un écosystème menacé qui cherche ainsi son salut, et pour lequel la Sacem a d’ores et déjà annoncé un fonds de secours de 43 millions d’euros. Sans oublier la mise à disposition de concerts digitaux et d’une série de playlists de titres emblématiques de la scène française à diffuser largement – façon de sensibiliser le grand public à la gravité de la situation pour qu’il se mette au diapason des artistes sur cette cause commune.