Le confinement a été pour moi, comme pour tout le monde, un petit choc. J’étais en pleine tournée, la tête dans le guidon, le coronavirus m’a fait une sorte de croche-patte. Je suis passée très soudainement d’une vie en accéléré à une vie en slow motion. Dans mon album, une chanson comme « Plus vite que ça » évoque cette course effrénée dans laquelle nous sommes tous pris, ce vivre vite et vivre fort qui fait que l’on ne voit même plus son existence passer. En tant qu’humaine, sans même parler de l’artiste, ce ralentissement m’a fait du bien. J’ai parfois la crainte qu’on vive encore plus vite après. C’est une question que je me suis posée pendant le confinement : est-ce que ça va être un peu comme un jour de soldes quand le monde va rouvrir ses portes ? Et vraiment, je n’espère pas, ne serait-ce que pour notre planète qui a enfin respiré un peu.

Le déconfinement a eu lieu, et pourtant la période reste floue quant à ma vie d’artiste : je ne sais pas quand je vais reprendre la route, quand je pourrai refaire des concerts, comment seront les gens. Seront-ils masqués, à distance les uns des autres ?

Nous avons été nombreux, en attendant, à faire des concerts en live par le biais des réseaux sociaux. Pour moi qui suis habituée à voir sans cesse beaucoup de gens pendant et après les concerts, cela m’a fait du bien de pouvoir ainsi garder un contact avec le public. Mais dès lors qu’on reste enfermé chez soi et qu’il faut des autorisations pour faire quoi que ce soit, le quotidien se restreint. On avait le sentiment – encore plus que d’habitude – que la « vraie vie » était sur les réseaux. Cela m’a paru anxiogène.

 

Au début, je me suis mis beaucoup de pression, j’étais encore dans ce rythme soutenu des tournées. On se dit qu’on n’a pas envie de perdre du temps, qu’il faut être absolument productif. Ce n’est pas ainsi que je fonctionne d’habitude, je n’écris pas quand ce n’est pas naturel de le faire. Ça n’a donc pas marché tant que je m’imposais ces contraintes, et puis j’ai décroché. J’ai pu alors finir des chansons, en créer de nouvelles, trouver des mots.

Du point de vue du corps, là encore cela a été assez brutal. Je suis habituée à monter sur scène tous les soirs, j’ai un engagement physique important : j’ai l’habitude de transpirer. Le confinement m’a permis au départ une forme de repos (ce qui est plutôt positif après deux ans de tournée à forte allure), mais ensuite cela a été assez dur. Je me suis imposé de faire du sport, mais c’est assez mécanique. J’ai hâte de retrouver la scène !

Je suis dans une énergie positive, j’ai envie que les choses avancent et de les rendre meilleures à l’avenir. On parle du monde « d’avant » et du monde « d’après », je veux croire à ces prises de conscience collectives, notamment au niveau de l’environnement. L’artiste a aussi ce rôle : prendre la parole, pour qu’on n’oublie pas cette période et la solidarité qu’elle a provoquée. Il y a un combat à mener ensemble, il ne faut pas qu’on retourne trop vite à nos individualités. 

 

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