Je transmets sans illusion. Je continue d’exprimer ma colère et ma rébellion, mais on ne m’entend pas. Il est encore possible de résister aujourd’hui. Je l’ai fait ces quinze dernières années. Résister à l’incapacité des hommes à cesser de s’entre-tuer, résister à l’antisémitisme, aux lieux communs, à l’imbécillité et à l’ignorance. Nous vivons dans la confusion, dans un monde où un homme reçoit le prix Nobel sans avoir rien accompli, simplement pour sa couleur de peau ; à une époque où l’éducation est tirée vers le bas, au nom de l’égalité des chances. Il faut que les nouvelles générations connaissent et comprennent leur Histoire. La leçon de la Seconde Guerre mondiale n’a pas été apprise, nous n’avons pas tiré de son inhumanité tout ce que l’on aurait dû. Elle a débordé de cruauté, mais le xxie siècle n’est pas plus glorieux. Il porte une autre forme de bestialité. Dans la notion de Résistance, celle de la guerre, il y avait l’idée qu’il fallait à tout prix sauver les civils, protéger les populations qui ne prenaient pas part au combat. Aujourd’hui, on tue des enfants, on les décapite. On entend « Mort aux Juifs ! » dans les rues de Paris, ce que je n’ai jamais entendu en temps de guerre. C’est terrifiant. Les grandes valeurs ont disparu. Mais il nous reste la plus précieuse, l’amitié. Et l’espoir que les nouvelles générations sauront voir clair à temps. 

Propos recueillis par MANON PAULIC

 

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