Je demeure, entre mes deux océans, celui que je possède et celui que je désire, celui des navires et celui des dromadaires, incertain, indécis, déchiré.

Pourtant, le temps passe. Voici que l’heure approche où le cargo du Sud viendra me chercher, où il faudra bon gré mal gré reprendre le chemin du Laboratoire des pêches et productions coloniales d’origine animale, au Muséum national d’histoire naturelle.

Alors, avoir côtoyé si longtemps le désert et en quitter les frontières avant de les avoir pu franchir, rentrer avec ce désir inassouvi, cette curiosité insatisfaite ? 

Départs, je vous louerai, et la grande aventure…

Caravanes, qui, sur le sable humide de la plage atlantique, partiez au rythme souple et lent des dromadaires, avec quelle fièvre je vous regardais disparaître, caravanes, dans le poudroiement doré des brumes sèches, attaché moi-même au rivage !

Avec quel trouble secret je vous voyais prendre le large, appareillant pour le Trab el Beïdane, le pays maure de mes rêves, où déjà s’était fixée mon attente, les terres mortes de l’Est, les plaines herbeuses du Tijirit, la sombre muraille de l’Adrar !

Vous avez aimé ? Partagez-le !