Un long travelling suit la course bondissante d’une gazelle. Robe sable sur fond de sable, elle est poursuivie par un 4×4 sur lequel flotte le drapeau noir de Daech. La grappe d’hommes juchés sur le 4×4 vident leurs chargeurs en direction de la gazelle qui fuit, inexplicablement indemne. « Ne la tuez pas, fatiguez-la », dit la voix du chef en arabe. Fondu enchaîné. Des masques et fétiches africains sont alignés sur le sable : des tireurs invisibles les fusillent ; ils tombent, têtes et corps de bois hachés par la mitraille. C’est ainsi que commence le film d’Abderrahmane Sissako Timbuktu, sept fois césarisé en 2014. Le parti pris est posé : la violence des djihadistes maîtres du Nord du Mali est au cœur du film, mais elle sera évoquée et non crûment montrée. Sous sa caméra pleine de poésie, le désert devient un paradis perdu :

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