Tendez bien l’oreille. Il se peut, si le vent porte, que vous parvienne le chagrin de l’Antarctique. Car cette terre ne fut pas toujours, comme aujourd’hui, blanche, froide et seule. Il fut un temps où elle formait avec la partie sud de l’Amérique un continent unique. Les eaux chaudes venues de l’Équateur adoucissaient tellement son climat que toutes sortes de plantes y poussaient et toutes sortes de bêtes y vivaient. 

Hélas, la surface de notre planète ne reste pas tranquille. Elle est formée de vastes plaques qui se divisent et dérivent et se heurtent ou s’éloignent. L’espèce humaine n’a pas le monopole des divorces. C’est ainsi que l’Amérique plus tard appelée latine décida de remonter vers le nord. Tandis que l’Antarctique choisit de glisser vers le sud. À ce moment, elle n’est toujours pas glacée. Mais cette séparation a ouvert une brèche par laquelle va s’engouffrer, poussé par le vent dominant d’ouest, l’océan Pacifique. Un courant est né, le plus puissant du monde. Il tourne autour de l’Antarctique. Nos amies les eaux chaudes venues de l’Équateur butent maintenant sur un mur liquide. Quand vous ne recevez plus de chaleur, vous devenez froid. Et plus vous devenez froid, plus vous recevez de neige et plus vous vous couvrez de glace. Pas de doute, vous blanchissez. Au début, vous trouvez ça joli, d’être blanc. Mais vous vous rendez vite compte que les rayons du soleil ne vous chauffent plus comme avant, lorsque vous étiez vêtu de sombre : désormais les rayons ricochent sur vous. Donc vous avez de plus en plus froid. Donc vous devenez de plus en plus blanc. Et voilà comment l’Antarctique est devenu le désert glacé que nous connaissons. Suite à une séparation. Qui engendra la solitude. Voici pourquoi, certains jours de vague à l’âme, l’Antarctique se laisse aller au regret des jours anciens. L’Amérique latine lui manque. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !