L’arrivée sur Terre d’un corps extraterrestre massif est un spectacle éblouissant. En témoignent les images de la chute de la météorite de Tcheliabinsk (Russie) en février 2013. Moins de 0,01 % de l’objet (1 tonne sur 12 000) a survécu à la traversée de l’atmosphère. Un tel phénomène se produit à peu près tous les vingt ans à la surface du globe, l’essentiel de la matière extraterrestre (20 000 t/an) arrivant sous forme de poussières, la plupart trop petites pour atteindre le sol. Les plus massives engendrent un phénomène lumineux : une étoile filante.

On estime que 10 à 15 météorites susceptibles d’être retrouvées tombent en France chaque année, mais, depuis le début du XXe siècle, moins de 1 % d’entre elles sont effectivement découvertes : soit une tous les dix ans, contre une tous les deux ans au XIXe. Pourquoi une telle différence ? Nous passons moins de temps dehors en soirée que nos ancêtres et, surtout, la population rurale a été divisée par deux d’un siècle à l’autre. Or, pour trouver une météorite, il est important d’avoir assisté à sa chute et de partir à sa recherche au plus vite. 

Après leur découverte et grâce aux érudits locaux (instituteur, curé, médecin…), les échantillons finissaient le plus souvent par rejoindre les collections publiques pour y être étudiés et conservés… Ainsi, comme dans de nombreux autres domaines, les citoyens nourrissaient-ils la science. Les programmes FRIPON et Vigie-Ciel ont pour objectif d’augmenter le nombre de météorites découvertes et de renouer avec cette participation citoyenne. Le réseau FRIPON (Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network, financé par l’Agence nationale pour la recherche) est en cours de mise en place. Il sera à terme constitué de 100 caméras fisheye, dont plus de la moitié sont déjà en service, et de 20 récepteurs radio servant à détecter les signaux réfléchis par les bolides. Ce réseau sera le premier au monde à être à la fois aussi dense (caméras distantes de moins de 100 km) et aussi étendu : il couvrira l’ensemble de la France et son extension aux pays limitrophes a déjà débuté. Par triangulation grâce aux observations multiples, et en utilisant l’effet Doppler (le changement de fréquence des ondes radio réfléchies par le bolide qui se déplace par rapport au détecteur) pour déterminer précisément leur vitesse, il permettra en quelques années de reconstituer les trajectoires de milliers d’objets, même si seuls les plus gros d’entre eux atteindront le sol sous la forme d’une météorite. Leur zone de chute pourra alors être déterminée avec une précision kilométrique. Lorsque leur taille sera jugée suffisante et la zone favorable, une campagne de recherche sera organisée s’appuyant, comme par le passé, sur une participation citoyenne. Permettre cette participation est au cœur du projet Vigie-Ciel.

Financé par le programme d’investissements d’avenir, il démarrera en 2017. Puisque personne n’est mieux placé pour chercher sur le terrain que la population locale, Vigie-Ciel a pour objectif de sensibiliser le public à l’intérêt scientifique des météorites et de lui apprendre à les reconnaître – les météorites, lorsqu’elles viennent de tomber, présentent un aspect caractéristique : couvertes d’une fine pellicule noire vitreuse, la « croûte de fusion », elles possèdent généralement des faces planes faisant entre elles des angles marqués, avec cependant des arêtes émoussées. Vigie-Ciel invitera les habitants à fouiller leur propriété et organisera des battues avec les volontaires dans les zones accessibles. Mais le projet s’intéresse à l’ensemble de la matière extraterrestre tombant sur Terre. Le public sera ainsi invité à renforcer FRIPON en surveillant les météores, et à participer à la reconnaissance de cratères d’impact non encore identifiés. 

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