Le plus ancien horoscope grec remonte au ier siècle avant J.-C., plusieurs siècles après la naissance de l’astrologie à Babylone. Il faut entendre par « horoscope » une prédiction de l’avenir des personnes à partir de l’examen des positions du Soleil, de la Lune et des cinq planètes à l’instant de la naissance. Des traités savants commencent à circuler dans le monde gréco-romain dont le plus célèbre, qui date du iie siècle de notre ère, est la Tétrabible de Ptolémée. C’est le manuel standard par excellence de l’astrologie, écrit par le plus grand astronome de l’Antiquité. Il ne faut pas s’étonner que Ptolémée puisse écrire à la fois sur l’astronomie et l’astrologie : cette dernière, pour les Anciens, se préoccupe de l’influence du monde céleste sur la Terre. D’une certaine manière, astronomie et astrologie relèvent du même art, celui de faire des prédictions.

Le mouvement astrologique s’est poursuivi dans le monde arabo-perse, à Bagdad d’abord, puis dans toutes les terres d’Islam. Du viiie au xve siècle, l’astrologie, servie par d’innombrables savants, y connaît un véritable âge d’or. Elle est la science des jugements, tandis que l’astronomie est la science des mouvements. On établit des horoscopes pour déterminer l’instant propice à une bataille, à un voyage, pour des décisions politiques. L’astrologie a ainsi trouvé sa place dans les villes et auprès des princes arabes, même si elle est parfois critiquée, voire proscrite d’un point de vue religieux. 

En Occident, transmise par le biais de traductions de l’arabe aux xiie et xiiie siècles, et malgré les réticences de l’Église à l’égard de son déterminisme, l’astrologie est restée présente à la cour des souverains où elle constituait une aide à la prise de décision politique. La période de la Renaissance représente le sommet de son influence en Europe. L’astrologie est alors présente dans certaines universités, chez les médecins surtout, ou cachée derrière l’enseignement du quadrivium (les quatre sciences : arithmétique, musique, géométrie, astronomie). Certains pourtant, tel l’humaniste Pic de La Mirandole, la combattent férocement. 

Comme l’a montré le grand historien italien Eugenio Garin (1909-2004), il faut repousser l’idée d’une nette coupure entre astrologie et astronomie à la Renaissance : l’influence des « sciences occultes » – alchimie, hermétisme, astrologie, magie – est réelle. De l’Antiquité jusqu’au début du xviie siècle, une des finalités essentielles de l’astronomie était de construire des tables astronomiques toujours plus précises afin d’établir des horoscopes.

C’est au Siècle des lumières qu’intervient la rupture entre l’astrologie et l’astronomie. Enfin affranchis, les astronomes relèguent cette vieille compagne devenue sujet d’embarras. Elle survit néanmoins dans les almanachs et dans la littérature de colportage au xixe siècle. Quel paradoxe : elle connaît un regain de vigueur extraordinaire au xxe siècle, dans la presse, à la radio, sur Internet. Au temps des succès scientifiques apparemment sans limites, nos contemporains n’ont pas renoncé à chercher à lire leur destinée dans les signes du zodiaque. 

Ne perdons jamais de vue, cependant, que si tous les traités d’astrologie anciens ne sont qu’un tissu d’absurdités aux yeux d’un scientifique moderne, cette doctrine a eu des mérites. Les horoscopes antiques sont un véritable matériel scientifique qui permet d’étudier le niveau des théories mathématiques et astronomiques des Anciens, mais aussi de retracer la transmission des pensées babylonienne et hellénistique.  

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