« Quand la fusée décolle, tant que tu es dans le bleu, qu’il soit bleu ciel, bleu foncé, bleu marine ou bleu violet, tu restes en quelque sorte sur Terre. Puis, au-delà de l’atmosphère, tout devient noir, et tu comprends que tu es désormais en dehors de la planète. D’un coup, le ciel fourmille d’étoiles. Tu en vois beaucoup plus que sur Terre, cent fois, mille fois plus. Et, surtout, tu distingues leurs couleurs ; chaque étoile a la sienne propre qui est fonction de sa température. Et quand tu regardes à l’horizon de la planète, tu réalises combien l’atmosphère est mince, et combien fragile est la vie qu’elle abrite. Tu as appris par les livres que la Terre est un globe mais tu ne l’as jamais vue comme telle. Or là tout devient évident, car à 400 kilomètres d’altitude tu en fais le tour très vite – en une heure et demie. Tu es alors confronté à un double sentiment : d’émerveillement devant la beauté de la Terre et de la voûte étoilée ; d’admiration pour le travail des hommes. J’ai gardé un souvenir très fort de mon premier vol. Le Soyouz avait mis deux jours à rejoindre la station Mir et, à un moment, elle s’est trouvée devant et au-dessus de nous alors que nous arrivions au terminateur, la zone qui est à la jonction du jour et de la nuit. Tout ce qui est métallique y prend un reflet doré. J’étais un peu dans le cirage – je n’avais pratiquement pas dormi pendant ces deux jours – et, en voyant soudain cette masse dorée, ce bijou, je me suis demandé si ce n’était pas un rêve. Là, on ne peut qu’éprouver de l’admiration pour les capacités humaines. Réaliser une telle station, la poster là-haut et réussir à s’y arrimer au centimètre près et à 28 000 kilomètres à l’heure… Bravo aux hommes ! La Terre est belle mais l’être humain, lui, est prodigieux ! Et quand la réalisation revêt un caractère international, c’est encore plus beau… 

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