En ce temps-là, Paris régnait sur la Syrie qu’on nommait « mandataire ». Après les accords Sykes-Picot signés en 1916, l’Occident s’était partagé l’Empire ottoman. Aux Anglais, la Palestine et la Mésopotamie (l’actuel Irak). À la France, la Syrie et le Liban. Pendant cinq ans, le pouvoir resta entre les mains des militaires. Le haut-commissariat s’installa à Beyrouth. Damas grinça. D’autant que les méthodes de nos gradés furent vécues comme vexatoires. La France détacha le Liban de la Syrie, qu’elle démembra entre un État d’Alep et un État de Damas, un territoire des Alaouites et un État des Druzes. Diviser pour mieux régner. C’en était trop pour les nationalistes syriens qui se soulevèrent en 1925. Paris rectifia le tir et confia les rênes du mandat à un civil. Ce fut le sénateur de Corrèze et ex-époux de la grande Colette, Henry de Jouvenel. « Un homme de culture et de conciliation », écrit l’historien Bruno Fuligni dans L’Hémicycle, avant de citer cet extrait du Dictionnaire des parlementaires français : « Il déploya le faste d’un vice-roi, la séduction d’un orateur, d’un diplomate et d’un lettré. Lorsqu’il partit à la fin de 1926, les esprits étaient calmés. » Mais en soufflant sur les braises de la division religieuse, la France favorisa la naissance du parti Baas (trois ans avant l’indépendance de 1946) d’où émergea plus tard un certain Hafez al-Assad.

 

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