Une guerre civile en trois dimensions
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Pour visualiser la carte SYRIE : UNE GUERRE CIVILE EN TROIS DIMENSIONS,
cliquez ici : http://le1hebdo.fr/journal/cartes/syrie
Conception Michel Foucher
Coordination Sylvain Cypel
Réalisation Pascal Orcier
Adaptation graphique Antoine Ricardou, Aurélie Colliot
© le 1
Parce qu’il contrôle la « Syrie utile », parce qu’il a organisé
les déplacements de population selon sa volonté, et parce qu’il est soutenu
par de puissants alliés régionaux, Bachar al-Assad a gagné sa guerre.
Le conflit syrien est d’abord le combat qu’un régime minoritaire a conduit
dès le premier jour (le 15 mars 2011) pour enrayer toute extension
de la révolution arabe en Syrie. Pour détruire aussi une opposition sunnite démocrate d’abord pacifique, puis armée, et une partie des groupes islamistes.
La stratégie du régime syrien a d’emblée consisté à militariser le conflit
et à ne laisser aucun espace politique entre les islamistes radicaux et lui,
toute autre force d’opposition étant assimilée à une même nébuleuse « terroriste ». Bachar al-Assad a poursuivi son but au prix d’au moins 150 000 morts.
Niveau national
Le contrôle
de la « syrie utile »
Contrairement à ce qui a pu apparaître au début de la guerre, le régime a préservé une base sociale en Syrie, en particulier au sein de la vaste bureaucratie publique et des forces de sécurité qui le structurent, ainsi qu’un soutien majoritaire au sein des minorités religieuses non sunnites. Il est aujourd’hui en passe d’atteindre son objectif, celui du contrôle direct de la « Syrie utile » : villes principales dans un pays très urbanisé, axes routiers, zones de production, littoral et frontière libanaise.
Cette zone s’étend de la frontière jordanienne à Homs et Hama, en incluant le réduit alaouite de Tartous à Lattaquieh, les enclaves druzes, chrétiennes et isma-éliennes, ainsi que les cols de la frontière libanaise. Seule lui échappe encore une bonne partie d’Alep, deuxième ville du pays. Début mai, les derniers combattants de l’opposition démocratique ont dû quitter Homs, troisième ville syrienne et l’un des premiers foyers de la révolte. Les banlieues populaires sunnites de Damas et d’Alep sont bombardées sans relâche afin de faire fuir les civils. Les régions proches de la frontière turque sont tenues soit par les Kurdes syriens, soit par les forces rebelles démocrates (Armée syrienne libre) ou islamistes (Jabhat al-Nosra). Enfin, l’EIIL (État islamique en Irak et au Levant), assimilé à Al-Qaida et qui combat les deux autres forces, tient la vallée de l’Euphrate.
Niveau régional
Purification ethnique
Par des massacres délibérés dans une entreprise de purification ethnique généralisée, le régime a modifié la distribution de la population sunnite, majoritaire en Syrie : un tiers de cette population largement urbanisée a dû quitter son logement. On compte plus de 4 millions de déplacés internes et près de 3 millions de réfugiés dans quatre États voisins. Zaatari, dans le nord du désert jordanien, au sud de Deraa où eut lieu la première manifestation pacifique, est le deuxième plus grand camp de réfugiés du monde (après celui de Dadaab au Kenya). Les camps peuvent servir de base arrière et d’entraînement pour les forces rebelles, dont le nombre est évalué à une centaine de milliers.
Niveau international
De puissants alliés
Le régime n’aurait pas reconquis une grande partie de la Syrie utile sans le soutien militaire effectif des combattants du Hezbollah libanais, des brigades iraniennes Al-Qods, l’assistance en armements lourds de la Russie et de l’Iran, ainsi que l’appui des milices chiites de l’Irak officiel. En face de ce bloc défini comme chiite, un financement islamiste est fourni à divers groupes d’opposants par l’Arabie -saoudite et les États du Golfe. La Jordanie soutient des groupes modérés tout en veillant à ce que les axes de circulation vers Damas et le littoral restent ouverts. Les Européens et Américains, dits « amis du peuple syrien », soutiennent la Coalition nationale syrienne sans fournir les armes anti-char et les missiles sol-air requis pour neutraliser l’aviation syrienne, de crainte qu’un tel arsenal tombe aux mains des groupes extrémistes et des formations militaires proches d’Al-Qaida. De crainte, aussi, qu’un soutien de cet ordre provoque un appui militaire accru de la Russie à Damas et dégrade encore la situation en Syrie.
Le théâtre syrien a été un appel d’air pour un djihadisme international du fait de l’émotion de la communauté sunnite devant ces massacres continuels et du constat de l’impuissance occidentale ; la décision anglo-américaine de ne pas intervenir militairement en août 2013, comme le proposait la France, pour affaiblir l’appareil militaire de répression et contraindre le régime à des négociations politiques, a été suivie d’une campagne de recrutement. Mais ces jeunes volontaires djihadistes ne mesurent pas à quel point le régime s’est fait l’allié objectif de l’État islamique dont le siège de Raqqa n’a jamais été bombardé. Le scénario d’un régime servant de bouclier contre les islamistes radicaux ne tient pas.
Nous ne savions pas ? Si, nous savions !
Michel Raimbaud
La Syrie est confrontée à une guerre sauvage, cruelle, impitoyable : 150 000 morts, des centaines de milliers de blessés, des millions de déplacés et de réfu…
Vice-roi
Éric Fottorino
En ce temps-là, Paris régnait sur la Syrie qu’on nommait « mandataire ». Après les accords Sykes-Picot signés en 1916, l’Occident s’était partagé l’Empire ottoman.
Bague perdue
Ollivier Pourriol
– J’aimerais intervenir…
– On vous écoute.
– Je veux dire que j’aimerais pouvoir intervenir. Disons plutôt : que nous puissions intervenir.
– Vous parlez d’une intervention militaire ?
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