La Syrie des al-Assad semble privée d’une société civile autonome et développée. À partir de 2005 pourtant, le nombre d’associations nouvelles s’est multiplié, en particulier dans le domaine de la bienfaisance, résultat d’une politique de « décharge de l’État » visant à diminuer les dépenses sociales. Après 2011 et le début du processus révolutionnaire, certaines associations ont migré en Turquie. D’autres n’ont pas cessé de travailler à l’intérieur du pays. Mais elles peinent à subsister faute de financements, soit parce que leurs membres ont fui le pays, ont été emprisonnés ou assassinés par le régime, soit tout simplement parce que leurs bénéficiaires ne peuvent plus se déplacer jusqu’à leurs locaux.

Des membres de la diaspora syrienne occupent une place importante dans le domaine humanitaire, menant des opérations transfrontalières. La société civile qui émerge est bien plus jeune, dynamique, hétéroclite, professionnalisée et politisée. La ville turque de Gaziantep, où le nouveau gouvernement provisoire lié à l’opposition syrienne s’est installé, est un laboratoire original où se côtoient des activistes sortis récemment du pays et d’autres y habitant encore, des Syriens issus de la diaspora, des employés d’organisations internationales et toute une panoplie de bailleurs de fonds. Parmi les dizaines d’associations installées depuis 2011 à Gaziantep, Khayr est particulièrement active et visible. Elle est la branche caritative et humanitaire de Watan, une institution lancée en 2012 par un groupe de jeunes Syriens proches, et parfois membres, des Frères musulmans. 

La société civile syrienne doit faire face aujourd’hui à de nombreux défis : le manque de soutien de la communauté internationale, les tensions sectaires découlant de la crise et les dangers qu’encourent ceux qui travaillent à l’intérieur. Pour autant, ces jeunes Syriens qui ne cessent d’être confrontés aux pires horreurs de la dictature et de la guerre, construisent les bases de la Syrie de demain.

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