Nous étions à deux doigts d’intervenir et nous ne sommes pas intervenus. Paris et Washington se préparaient à frapper. Croiseurs, destroyers et porte-avions faisaient route en direction de Lattaquieh. Les états-majors occidentaux sélectionnaient leurs cibles. Ce serait chirurgical, comme dans un film. Zéro risque, effet maximal. Bachar al-Assad comprendrait le signal. C’était hier, c’était il y a mille ans. Les porte-avions ont fait demi-tour. 

C’était un monstre, il fallait le supprimer. Il y avait urgence. Chaque jour passait comme un regret. Ses forces spéciales écrasaient les manifestations nées dans le sillage des Printemps arabes. Ses prisons étaient des salles de torture. Bientôt il encerclerait les villes rebelles pour les pilonner. Bientôt il ferait répandre des gaz mortels sur la population. C’était un monstre et son temps était compté. Mais aujourd’hui, il règne toujours sur Damas… 

Il ne pouvait pas l’emporter. Nous allions en finir avec le règne du père et du fils, leur dictature implacable sur un pays où l’on emprisonne aussi facilement que l’on distribue ailleurs des prestations sociales. Nous voulions les détrôner et puis nous avons oublié nos tirades, nos promesses, nous nous sommes lassés, nous avons regardé ailleurs. Les opposants démocrates ont été liquidés par les combattants djihadistes. Le pays tout entier a fini par puer la mort et nous sommes devenus indifférents. 

Alors nous avons compris que Bachar al-Assad avait gagné sa guerre.

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