La couleur des faubourgs
L’arrivant, ses enfants, parfois une partie de ses petits-enfants, s’approchent de la ville par la périphérie, parfois aussi par une partie dégradée du centre – comme à Marseille. Celui qui observe de loin ne voit pas ce flux qui peu à peu se francise.Temps de lecture : 2 minutes
L’arrivant, ses enfants, parfois une partie de ses petits-enfants, s’approchent de la ville par la périphérie, parfois aussi par une partie dégradée du centre – comme à Marseille. Celui qui observe de loin ne voit pas ce flux qui peu à peu se francise. Il croit à un stock ingérable. Les animateurs de la Marche des beurs de 1983 ont aujourd’hui famille et travail. Les enfants d’immigrés sont 50 % à être propriétaires, les Français pris dans leur ensemble – eux compris donc – 64 %.
Seulement ce faubourg éternel de la cité, ce lieu de solidarités parfois secrètes, de bricolages, voire d’illégalités, n’a pas la capacité de transformer en Gaulois catholiques les enfants arrivant de nos anciennes colonies – ni la bonne couleur de peau, ni toutes les bonnes coutumes, ni la bonne religion souvent. C’est que « nous », ceux du « nous » revendiqué, n’arrivons pas à désirer la diversité. La France est centralisée et moniste. Chacun a peur de plus pauvre que soi, surtout s’il est son voisin. Alors de temps en temps un grand monôme de ras-le-bol secoue ce qu’on appelle par dérision « quartiers ». Quartier de quoi exactement ? Des jeunes avec des papiers d’identité français hurlent leur refus des contrôles au faciès permanents, de l’injustice, du sentiment de non-droit. Comment leur faire accepter qu’un policier accusé de viol soit en liberté ! Quand l’incendie sera étouffé par les arrestations, la fatigue, les pressions diverses, quelques jeunes de plus rejoindront Daech et on se demandera pourquoi.
C’est la France fière de ses diversités qui doit devenir notre objectif. Celle du peuple Corse, des musulmans avec de belles mosquées, des instituteurs de couleur, des policiers de quartier, des politiciens honnêtes, des études qui mènent à l’emploi quelle que soit votre couleur de peau. Or, de drame en drame, il ne se passe rien. La France de la diversité qui constituerait avec l’Europe un acteur positif en Méditerranée et en Afrique, la France du XXIe siècle, n’est pas encore là ; l’utilité des Français biculturels du Sud n’est pas posée. On regarde brûler des voitures dans les faubourgs quand il faudrait regarder vers le sud.
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