Le témoignage d’un gardien de la paix, affecté à Paris et en banlieue nord.

Le problème à Paris, c’est qu’on met du bleu où il y a de la thune. Dans le Ier, dans le XVIe arrondissement. On fait garder des ambassades et des maisons vides. Du coup, on manque d’effectifs en banlieue. Il y a assez de policiers, mais ils ne sont pas envoyés où on a besoin d’eux. On manque de bon matériel aussi. Mon gilet pare-balles date de 2004, on a des casques de plus de quinze ans et des pistolets-mitrailleurs qui datent de 1959 ! Les voitures posent problème. Elles ne sont pas adaptées aux besoins du service : la plupart ne freinent pas correctement et ne sont pas suffisamment rapides. Parfois, il n’y a pas de patrouille parce que les véhicules sont au garage. On ressent tout ça sur le terrain. Avec les jeunes de banlieue – ils ne sont en réalité que 20 % à poser problème –, on n’arrive déjà pas à se parler. Alors, quand vient le contact physique, ils ne supportent pas. Les palpations de sécurité, c’est une technique de police qui nous permet de nous protéger. Je contrôle entre vingt et trente personnes par nuit, la plupart du temps sur la partie nord du périphérique, la plus active. Chaque fois, j’essaye de créer un contact. Mais on est obligé d’instaurer un rapport de force tout de suite, parce qu’on ne sait pas à qui on a affaire. Ces jeunes-là sont réfractaires à tout, pas seulement à la police. Ils sont aussi agressifs envers le mec qui leur fait des kebabs et qui ne va pas assez vite. Et nous, policiers, on est appelés pour tout : un chien qui s’est barré, un voisin qui fait du bruit… On est cassés d’être employés à mauvais escient. Récemment on a dû intervenir parce qu’un fils avait tabassé sa mère. C’est très compliqué à gérer. On est le dernier maillon de la chaîne d’autorité avant qu’ils ne tournent mal. Avec tout ça, c’est dur de garder l’esprit ouvert. 

 

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