Quentin, policier et bénévole de l’association Prox’ Aventure.

On dit souvent que la police est à l’image de la population. La version années 1980 du flic moustachu, un peu alcoolo, avec l’accent du Sud-Ouest, c’est terminé, et pourtant ce cliché nous colle à la peau. Aujourd’hui, les flicards ont la coupe au gel, des tatouages et un compte Instagram. On est tous nés en banlieue. Moi-même, je suis un ancien jeune de cité. On connaît le problème parce qu’on a vécu dedans. Pour que cela fonctionne entre jeunes et policiers, on doit créer du lien. Ce qu’il faut dans ces quartiers sensibles, c’est un visage familier, un policier que l’on côtoie au quotidien et vers qui on peut se tourner. Je suis référent pour les femmes battues. Ce n’est pas évident pour une femme qui est violentée d’aller dans un commissariat pour expliquer ses problèmes à un inconnu. Quand elles connaissent nos visages, elles nous font davantage confiance. Le dialogue est possible aussi avec les jeunes, mais il faut y mettre les formes et, surtout, avoir quelque chose à leur raconter. Venir pour faire de l’esbroufe et leur envoyer un paquet de paillettes aux yeux, c’est pas la peine. Aujourd’hui, avec les événements, c’est particulièrement tendu. Mais, en temps normal, on y arrive. Avec Prox’ Aventure, on est un groupe de policiers bénévoles qui venons faire du lien social entre les jeunes et la police par le biais des valeurs véhiculées par le sport. Nous sommes pour la plupart issus de la BAC ou de services d’intervention dans les banlieues pour le maintien de l’ordre. On veut montrer aux jeunes que des policiers de terrain, engagés dans des actions urbaines violentes la nuit, peuvent revenir le lendemain créer un lien de proximité avec eux. C’est important d’aller leur parler vraiment tôt, entre 10 et 14 ans. Il ne faut pas attendre qu’ils aient 16 ans et qu’ils se soient forgé une mauvaise opinion de nous. À la demande des villes, on propose des stands civiques et sportifs, et des ateliers « police » : on leur met un casque sur la tête, on leur fait essayer un bouclier ou un gilet pare-balles. Ces ateliers marchent très bien. On leur dit : « Toi aussi, tu peux devenir policier plus tard. » Et ça, généralement, personne ne leur avait jamais dit. 

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