Le soir, sur mon balcon, je fais crépiter le joint pour oublier. Voici ma cage, ma bulle, mon mètre sur deux, mon monde. Je suis sorti torse nu, le vent frais rebondit sur ma peau. Moite et suspecte, la nuit a une odeur de pute en préretraite. Au loin, on entend des voitures qui circulent, y’a plus que des taxis, des VTC ou des cramés de la tête par l’alcool ou la drogue. Quand je kille un pilon, j’aime bien garder la fumée dans mes poumons quelques secondes. Ça crépite devant mon nez, puis c’est chaud en bouche, dans la gorge et dans la poitrine. Les yeux fermés, là-haut c’est vaporeux, ça plane, et je me sens bien, comme si j’avais posé mon sac à dos plein du poids du monde, et que je pouvais à présent voler.

L’esprit est plus vif, plus fort, plus libre. On oublie cette cataracte de préjugés et de craintes qui voile le monde. Au fond, ce que je veux, c’est tout niquer. M’envoler, percer le ciel, sauver la terre, gagner des courses, des coupes du monde, faire des films et même écrire des livres. Changer de vie. Parce que chauffeur ça rend ouf. Conduire des snobs et des bourgeoises onze heures par jour dans la Mercedes d’un salopard qui me refile que la moitié de ce que je lui rapporte. C’est p

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