Le débat autour des banlieues remonte-t-il aux années 1960 ?

Dans les années 1960, on ne parlait pas encore de banlieues. On utilisait l’expression de « grands ensembles ». C’était une période de croissance économique avec une double immigration : celle des campagnes vers les villes et celle venant d’Afrique. C’est l’époque de la politique de création des logements à bon marché, des barres qui proposent des appartements plus spacieux, plus lumineux, avec l’eau courante, à un moment où la moitié de la France n’en dispose pas encore. Vivre dans ces grands ensembles, c’est une promotion en termes de qualité de la vie. De grands architectes veulent réinventer la ville. À la fin des années 1960, à Grenoble, vous avez en moyenne plus de cadres dans le quartier de La Villeneuve que dans le centre-ville. Des professeurs d’université y habitent aux côtés des ouvriers. Ils considèrent que cela relève d’un engagement citoyen. On est alors très loin du schéma des années 1990 où se combinent ethnicité et pauvreté.

À quel moment prend-on conscience de la crise des banlieues ? 

En 1977, avec la parution du rapport Peyrefitte. À cette époque, il n’est pas encore garde des Sceaux. Il publie deux petits volumes titrés Réponses à la violence, complétés de huit volumes d’annexes. C’est la seule fois en France où l’on a essayé de faire le point sur le rôle de la police, le sentiment d’insécurité dans l’opinion. Toute une partie du rapport est consacrée aux relations entre les forces de l’ordre et la ville. Et déjà on constate que la police est à l’écart des populations de la banlieue, qu’elle les connaît mal. Les rapports qu’elle entretient avec les « grands e

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