Le mandat qui s’achève, comme d’ailleurs le précédent, n’aura pas laissé d’empreinte culturelle marquante. De La Princesse de Clèves « raillé » par Nicolas Sarkozy à l’aveu sincère de François Hollande sur son peu d’appétence pour le roman, on aura compris que se cultiver n’était plus une valeur phare au sommet de l’État. Une ancienne ministre de la Culture ne s’est-elle pas distinguée par son incapacité à citer ne serait-ce qu’un titre de Patrick Modiano, juste couronné par le Nobel de littérature, en 2014 ? C’est pourquoi on s’est pincé en découvrant la petite phrase du président de la République engagé à présent dans l’inauguration forcenée des chrysanthèmes, urbi et orbi. Le 27 mars, comme il visitait le jardin botanique de Singapour, le presque retraité de l’Élysée s’est fendu d’une pensée digne de Voltaire (et non d’un « Zadig et Voltaire », bourde de l’ancien porte-flingue du sarkozysme Frédéric Lefebvre, qui confondit en 2011 la marque de vêtements avec un ouvrage du philosophe) : « Il faut bien cultiver son jardin », a gloussé le chef de l’État. On ne va pas tomber à notre tour dans le « c’était mieux avant. » Mais pendant que l’Europe se sent mal, on se prend à regretter le verbe gaullien pour qui Dante, Goethe, Chateaubriand appartenaient à toute l’Europe, « dans la mesure même, disait le Général, où ils étaient respectivement et éminemment italien, allemand et français ». à présent le globish tient lieu de volapük intégré, et la culture se désintègre… 

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