RAPATRIÉS ? Le mot désigne des personnes qu’on ramène dans leur pays ; or la plupart des Français d’Algérie n’avaient jamais foulé le sol de l’Hexagone. Pieds-noirs ? Ce terme est d’une origine pour le moins douteuse. Six ou sept filiations différentes lui sont attribuées, concernant tantôt des Européens et tantôt des Arabes : les militaires français qui avaient conquis Alger en 1830 portaient des chaussures noires ; les matelots chauffeurs des navires, souvent algériens, circulaient pieds nus dans les soutes à charbon ; les premiers colons viticulteurs, foulant le raisin, voyaient leurs pieds changer de couleur…

Toujours est-il que cette marque s’est imposée dans le langage courant et a été adoptée par la plupart des intéressés. Entre deux vannes, Guy Bedos s’était qualifié de « pied-noir intello », par opposition à Enrico Macias, « pied-noir couscous ». D’inconsolables rapatriés avaient même constitué en 2017 un « gouvernement provisoire pied-noir en exil », avec treize ministres, un drapeau, un hymne, et des vues sur un territoire de 285 hectares au nord de Montpellier.

Les années passent, les mémoires familiales demeurent. Même la deuxième ou la troisième génération, qui n’ont pas connu l’arrachement à la terre natale, peuvent éprouver de la « nostalgérie ».

On a tendance à caricaturer les rapatriés, en les réduisant à un accent, une faconde et une attirance pour la droite extrême. La liste est longue, pourtant, de tous les artistes, intellectuels, médecins ou chefs d’entreprise, de tous bords politiques, nés en Algérie, qui se sont imposés par leur finesse et leur talent. Idem pour les Français du Maroc ou de Tunisie que l’on confond souvent avec eux. Tous les pieds-noirs ne sont pas des « petits Blancs » !  

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